EPP, EAM, MAN, quelle est la meilleure méthode d’élevage ?

Lorsque l’on souhaite acquérir un perroquet ou des oiseaux, on a vite fait de tomber sur ces sigles bizarres : EPP, EAM et MAN.

Loin d’être des incantations magiques, ces sigles désignent en réalité les différentes méthodes d’élevage d’oiseau et de perroquets. Bien connaître leurs significations et leurs différences est essentiel pour pouvoir faire un choix éclairé.

EPP EAM, MAN : Qu'est-ce que ça veut dire ?

Ces trois sigles sont les initiales des trois principales formes d’élevage d’oiseaux dans le monde.

EPP signifie : Élevé Par les Parents.

Cela consiste à laisser la reproduction avoir lieu de façon naturelle. L’incubation, l’éclosion, le nourrissage et l’élevage des jeunes sont entièrement confiés aux parents naturels de l’oiseau.

Il n’y a généralement pas d’intervention humaine auprès des juvéniles, excepté lors du baguage des oisillons et de la gestion des jeunes, une fois sevrés.

Par exemple, l’éleveur peut être amené à séparer les jeunes des adultes, que ce soit pour autoriser une nouvelle ponte, mettre en sécurité les jeunes qui pourraient être chassés par leur père, ou tout simplement pour les céder ou les déplacer dans d’autres volières.

Les oiseaux epp ont un instinct sauvage très fort. Ils ont généralement peur de l’homme et des mains, et ne sont pas enclins à interagir avec l’homme.

Mis à part certaines espèces particulièrement curieuses et sociables, comme les conures, la plupart des oiseaux epp ne font pas de bons animaux de compagnie, car ils sont difficiles à apprivoiser à cause de leur peur de l’homme.

On réserve généralement ce type d’élevage pour les oiseaux destinés à reproduire à leur tour. On maintient ainsi l’apprentissage social intact, ce qui en fait des oiseaux bien dans leurs plumes parmi les leurs, et qui auront donc plus de facilité à s’appairer, nicher et élever leurs jeunes avec succès.

Bien sûr, apprivoiser un oiseau epp est loin d’être impossible, et cela peut même être une très belle expérience enrichissante, mais elle demandera du temps et beaucoup d’efforts, pour un résultat qui peut parfois s’avérer « décevant ».

Toutefois, si vous y parvenez, la confiance que vous aurez gagnée sera sincère et profondément ancrée, car elle sera basée sur la patience, le respect, et la communication.

EAM signifie : Élevé A la Main.

Cela consiste à remplacer tout ou partie de l’action des parents dans le processus d’élevage par une intervention humaine. On peut différencier trois types d’eam :

L’élevage totalement artificiel : les œufs sont prélevés quelques jours après leur ponte pour être placé en couveuse mécanique. Ils écloront dans cette même couveuse, avant de passer en éleveuse et d’être nourri par l’homme, de son premier jour d’existence jusqu’au servage. Ce type d’élevage est très technique et particulièrement complexe, il est généralement réservé aux espèces sensibles, rares ou précieuses, pour lesquelles le besoin de réussir l’élevage est parfois un enjeu vital pour l’espèce.

L’élevage dès les premiers jours : Les œufs sont laissés à couver par les parents, afin qu’ils puissent superviser l’éclosion des jeunes, et l’administration du lait de jabot pendant les premiers jours. Les poussins sont ensuite prélevés du nid, généralement avant 20 jours, pour être ensuite placés en couveuse et nourrit par l’homme jusqu’au sevrage. Cette méthode est généralement utilisée dans les cas d’eam de sauvetage, c’est-à-dire lorsqu’on s’aperçoit qu’un danger vital menace les jeunes. Ça peut être une éclosion par météo dangereuse, une menace directe des parents qui attaquent les jeunes, ou encore suite au décès de la mère par exemple. Dans ces cas, l’eam est pratiqué pour tenter de sauver la vie des oisillons, mais cela s’avère souvent délicat.

L’élevage à la main de sociabilisation : Les œufs sont laissés aux parents qui gèrent l’éclosion et le nourrissage des jeunes jusqu’à la fin de la période d’imprégnation. Les poussins sont ensuite prélevés, vers 20 jours en fonction des espèces, pour que l’éleveur prenne le relais en nourrissant à la main jusqu’au sevrage de l’oisillon.

Ces trois pratiques différentes de l’élevage à la main peuvent donner trois types d’oiseaux futurs.

Si l’éleveur a délibérément choisi de ne pas imprégner, ni sociabiliser l’oisillon, il peut obtenir des oiseaux aussi « sauvages » que des epp, souvent dans l’optique de réhabilitation ou de reproduction.

Si l’éleveur a délibérément choisi d’imprégner l’oisillon, il obtient un oiseau qui se reconnaît comme étant un humain appartenant à l’espèce humaine, mais dont il n’a pas les codes, vu qu’il est un oiseau.

Il n’aura pas peur de l’homme et pourra se montrer sociable dans l’enfance, mais cet oiseau sera inévitablement confronté à des problèmes lorsque ses comportements sexuels apparaîtront, et qu’ils seront dirigés vers l’homme.

Agressivité, territorialité, hypervocalise, picage, incapacité à vivre avec d’autres oiseaux, feront partie de son futur. C’est pourquoi, l’imprégnation volontaire n’est pas recommandée.

Si l’éleveur a choisi volontairement de laisser l’oiseau s’imprégner de son espèce, mais qu’il l’a sociabilisé pendant la période d’élevage à la main, alors il obtiendra un oiseau sociable, qui n’a pas peur de l’homme et qui sera prédisposé à devenir un excellent compagnon.

Cet oiseau sera bien dans ses plumes avec ses congénères, tout en étant à l’aise avec sa famille humaine, même à l’âge adulte.

MAN signifie : Manipulé Au Nid

Dans certains cas, une alternative entre l’eam et l’epp est possible. C’est la manipulation au nid. Cela consiste, lorsque les parents des oisillons sont suffisamment proches de l’homme, à les laisser élever leur progéniture depuis la ponte jusqu’au sevrage, tout en participant quotidiennement à la vie des oisillons.

Chaque jour on manipule un peu les bébés pour les socialiser, leur apprendre à ne pas craindre l'humain, et leur montrer qu'humains et oiseaux font partie du même groupe.

Ainsi l'oiseau reçoit une double sociabilisation, humaine et aviaire, qui leur permettra d’être autant à l’aise avec une famille d’oiseau qu’une famille d’humains, sans qu’il y ait de confusion identitaire.

Dans l’optique d’obtenir de futurs oiseaux de compagnie, il est préférable d’envisager cette solution plutôt que l’eam, car elle présente beaucoup moins de risques pour l’oisillon.

En revanche, elle n’est pas possible dans tous les cas, car cela nécessite que les parents soient eux-mêmes apprivoisés et amicaux envers les humains, même en période de reproduction. Les grands aras et les cacatoès par exemple, ne laisseront jamais leur éleveur manipuler leurs bébés sans se montrer agressifs, ce qui peut être néfaste s’ils redirigent leur frustration vers les bébés.

Il ne faut jamais oublier que les oiseaux et les perroquets ne sont pas des animaux domestiques. Leurs comportements naturels sont toujours ancrés en eux, et la possibilité de tuer une nichée ou un partenaire en fait partie.

La reproduction n’est pas un jeu, c’est pourquoi nous recommandons de laisser ce travail aux éleveurs.

Mais alors, quelle méthode d’élevage est la meilleure ?

En réalité, il n’y a pas de méthode meilleure qu’une autre, car tout dépend avant tout de ce que vous recherchez.

Si vous souhaitez acquérir des oiseaux pour la beauté de leur chant ou de leur plumage : préférez des epp.

Si vous souhaitez démarrer un élevage, préférez des epp.

Si vous souhaitez réintroduire une espèce ou préserver une espèce rare ou menacée, préférez l’élevage à la main sans imprégnation.

Si vous souhaitez adopter un oiseau de compagnie : préférez un eam non imprégné ou un oiseau man.

Si vous souhaitez faire le sauvetage d’un oiseau de seconde main : évitez les oiseaux imprégnés !

Dans tous les cas, n’hésitez pas à demander des renseignements à l’éleveur ou au précédent propriétaire, afin de pouvoir démarrer au mieux votre nouvelle vie avec votre compagnon à plumes.