Comment enrichir l’alimentation pendant la période de reproduction des oiseaux ?

La période de reproduction est une phase intense dans la vie de vos oiseaux. Elle va monopoliser énormément de temps et d’énergie de la part de vos couples pour créer et élever une belle nichée. Pour obtenir des couvées saines, un plumage éclatant et des parents en pleine forme, l’enrichissement nutritionnel doit être ciblé, complet et savamment dosé.

La reproduction mobilise énormément d’énergie et de nutriments. Les femelles ont besoin de calcium pour la formation des œufs, les mâles doivent maintenir leur vitalité pour assurer la fécondation, et les jeunes nécessitent un apport protéique élevé pour croître rapidement. Sans une alimentation adaptée, les risques de carences, d’œufs clairs ou de malformations augmentent fortement.

L’enrichissement alimentaire pendant cette période repose sur cinq piliers.

1) Le pilier des protéines

L’apport en protéines, d’origine animale et végétale, est essentiel pour soutenir la croissance et la vitalité. Les protéines végétales les plus assimilables se trouvent dans les graines germées, notamment dans le tournesol, les lentilles, le quinoa et les pois chiches. Attention toutefois à ne pas donner de légumineuses crues. Celles-ci contiennent des inhibiteurs d’enzymes qui empêcheront la bonne absorption des protéines. Le soja et les céréales complètes sont aussi d’excellentes sources de protéines. Et bien sûr, vous en trouverez aussi dans la spiruline, une algue considérée comme un super aliment, riche en protéines et en anti oxydants.

Du coté des protéines animales, l’aliment roi des protéines reste l’œuf dur, les insectes vivants, et les poissons gras. Pour les plus grands oiseaux, de petites portions de poulet et de moelle pourront être proposées pour faire leur régal. En ce qui concerne les insectes séchés, notamment les vers de farine, leur corps une fois déshydraté est principalement constitué de chitine, un glucide beaucoup moins bénéfique que les protéines. Ils sont donc à distribuer avec parcimonie, plutôt en tant que friandise qu’en tant qu’aliment de reproduction.

Une troisième source de protéines provient des aliments du commerce, avec les pâtées d’élevage spécifiques. Elles sont souvent à base d’œufs et de produits céréaliers, ce qui fait que la plupart des oiseaux les acceptent volontiers. Les formules riches en lysine et méthionine sont particulièrement bénéfiques.

2) Le pilier des vitamines

Le second pilier concerne les vitamines et oligo-éléments. Les besoins explosent en période de reproduction, notamment en vitamines A, D3 et E, qui soutiennent la fertilité, et en oligo-éléments comme le fer, le zinc, le sélénium ou le manganèse, essentiels à la formation des œufs et au bon développement embryonnaire. Elles sont aussi essentielles pour les parents qui vont subir une période de fatigue et de stress intense, que pour les poussins qui doivent soutenir une croissance très rapide. Pour tout savoir sur les besoins en vitamines de vos oiseaux, consultez notre article dédié.

3) Le pilier du rapport phospho-calcique

Le troisième axe fondamental est l’apport en calcium et minéraux. Celui-ci est crucial pour la solidité des coquilles et le développement osseux. Il peut être apporté via du grit, des blocs minéraux, de l’os de seiche ou des compléments liquides. Il est important de maintenir un bon équilibre calcium/phosphore pour une assimilation optimale. Le rapport phospho-calcique désigne l’équilibre entre le calcium (Ca) et le phosphore (P) dans l’alimentation. Chez les oiseaux, ce rapport est essentiel pour la minéralisation osseuse, la formation des coquilles d’œufs et le fonctionnement métabolique général.

Le rapport idéal se situe en général autour de 2:1 (deux fois plus de calcium que de phosphore). Un excès de phosphore ou un déficit de calcium peut entraîner des troubles comme des œufs à coquilles fines, des déformations osseuses et une baisse de la fertilité. Autrement dit, tout ce qu’on souhaite éviter pour un élevage réussi.

4) Le pilier de l’aliment vivant

Le quatrième pilier est l’introduction de graines germées et de jeunes pousses. Ce sont de véritables concentrés de vitalité, riches en enzymes, vitamines et protéines.

Elles stimulent les comportements alimentaires naturels, améliorant ainsi la qualité de la couvée. Comme elles sont très digeste, elles sont rapidement prédigérées dans le jabot des adultes, qui peuvent ensuite les transmettre sous forme de bouillie nutritive aux juvéniles.

De plus, la plupart des oiseaux en milieu naturel calquent la période d’élevage des poussins sur la période d’abondance des ressources alimentaires.

Le fait de trouver des graines germées et des pousses fraiches dans leur alimentation simule cette période d’abondance, et peut pousser les oiseaux à entamer un cycle de reproduction.

Ils se sentiront rassurés par la présence et la qualité nutritionnelle des graines germées, signe d’une nourriture facile et abondante pour leur progéniture.

5) Le pilier de l’hydratation

Enfin, l’hydratation et la fraîcheur sont des aspects parfois négligés, mais essentiels. En période d’élevage, c’est-à-dire souvent au printemps et en été, les oiseaux doivent bénéficier d’un apport quotidien en fruits et légumes frais et rafraichissants, bien lavés et adaptés à leur espèce. Concombre, épinards, carottes râpées ou poivrons sont d’excellentes options.

Les fruits du verger peuvent aussi être donné aux frugivores, et en moindre proportions aux autres oiseaux, car ils sont extrêmement sucrés.

Varier les textures et les couleurs peut également stimuler leur appétit, ce qui est crucial lorsqu’il faut nourrir les oisillons fréquemment.

Par ailleurs, un accès à de l’eau fraiche et propre est crucial. Une eau contaminée, qui n’aurait que peu d’effet sur des adultes en bonne santé, peut créer une colonisation bactérienne néfaste aux jeunes oisillons.

L’eau doit donc être changée régulièrement, et plus encore quand il fait chaud. En cas de canicule, ou de déshydratation des jeunes au nid, de l’eau de coco pourra être proposée pour une réhydratation rapide.

Pour les éleveurs, il est essentiel de surveiller l’état général des reproducteurs : activité, poids, plumage, appétit. Une alimentation enrichie doit être introduite progressivement et adaptée à chaque espèce.

L’enrichissement alimentaire est donc un investissement stratégique. Il améliore la fécondité, soutient la vitalité des parents, garantit des jeunes robustes et limite les complications.