Perruche ou perroquet, quelle différence ?!

Lorsque l’on décide de partager sa vie avec un oiseau de compagnie, on se retrouve forcément un jour confronté au choix suivant : « perruche » ou « perroquet » ? Mais au fond qu’est ce qu’une perruche? Qu’est ce qu’un perroquet? Et quelles différences y a t-il entre les deux? Laissez moi, dans cet article, vous donner quelques éléments de réponses, et surtout quelques mises en garde contre des préjugés induits par cette distinction « perruches/perroquets »

Les Hommes, dans la poursuite logique de la théorie évolutionniste de Darwin, ont toujours voulu classer, nommer et regrouper les espèces vivantes, pour mieux comprendre le monde qui les entoure. Ce fut systématiquement compliqué, mais dans cette catégorie, les oiseaux sont les grands champions, car aujourd’hui encore leur taxonomie (regroupement par famille) n’est toujours pas fixée, et est en constante évolution. C’est pourquoi, rien de ce que je vais dire ici n’est pure vérité, c’est l’état actuel des recherches en la matière, qui ont déjà changées, et qui changeront certainement encore dans le futur.

De quels oiseaux parlons nous?

Tous les oiseaux à becs crochus et zygodactyles (ayant deux doigts à l’avant et deux doigts à l’arrière) font partie de l’ordre des psittaciformes (créé et fixé par Wagler en 1830). Cet ordre est généralement divisé en deux ou trois familles (selon les auteurs). Il s’agit des psittacidés, des cacatuidés et des loriidés (cette famille étant encore sujette à débats). Actuellement on considère la famille des cacatuidés comme faisant partie de la famille des psittacidés, dont elle serait une sous-famille. Nous allons prendre cette hypothèse comme juste, et ne nous concentrer que sur les psittacidés, dont nous accepterons qu’ils contiennent le genre cacatuidé, et le genre loriidé.

Les psittacidés regroupent 340 espèces (environ) portant des noms vernaculaires (courants) tels loris, coryllis ou loricules, loriquets, psittrichas, nestors, strigops, micropsittes, psittacules, perruches, palettes, éclectus, inséparables, perroquets, aras, conures, touis, caïques, piones, amazones, papegeai, crick tandis que les cacatuidés regroupaient les 20 à 25 espèces de cacatoès connues.

Ainsi, selon la classification scientifique, les perruches et les perroquets ne sont que certains des membres de la grande famille des psittacidés.

Aussi, qu’est ce qu’un perroquet et qu’est ce qu’une perruche ?

Selon la science, un perroquet est un oiseaux zygodactyle à bec crochu qui ne fait partie ni des loris, ni des coryllis , ni des loriquets, ni des psittrichas, ni des nestors, ni des strigops, ni des micropsittes, ni des psittacules, ni des perruches, ni des palettes, ni des éclectus, ni des inséparables, ni des aras, ni des conures , ni des touis, ni des caïques, ni des piones, ni des amazones, ni des papegeai, ni des criks et donc pas des cacatuidés.
Idem pour une perruche(dont je vous épargne le long et fastidieux listing!)

Ouf, sacrée liste,hein?!

Cela explique facilement la place qu’ont pris les termes « perroquets » et « perruches », bien plus facile à comprendre , retenir et à utiliser dans l’imaginaire des gens.  Oublions un peu la taxonomie scientifique compliquée ( et quelque peu rébarbative) pour revenir à l’ordinaire du monde aviaire!

En effet, ces deux termes ont pris une valeur globalisante,( que certains chercheurs et taxonomistes acceptent d’ailleurs), et qui est basée sur  :

– Des caractéristiques géographiques : tous les oiseaux appelés scientifiquement « perruches » viennent soit d’Australie, soit d’Asie, saufs exceptions que je ne connaîtrais pas.
– Des caractéristiques physiques : « On »(en l’occurrence « les gens », « l’opinion publique ») entend par « perroquet » un oiseau de grand taille ( très important pour les gens, un perroquets c’est gros! ) trapu et solide, avec un gros bec, intelligent, et bien sur inévitablement qui parle! A l’inverse une « perruche » c’est petit, c’est fin et élancé, avec un petit bec, pas intelligent car ça ne parle pas, et c’est bien souvent fait pour faire joli dans une volière.

Sans vouloir accuser ni blâmer personne (et je tiens à le préciser, ceci n’est pas une attaque mais une mise au point), j’aimerais mettre un léger coup de dynamite dans ces idées préconçues quelques peu sélectives et réductrices:

Comme je l’ai dit plus haut, les perroquets et les perruches, d’un point de vue scientifique, sont des égaux au sein d’une seule et même famille (les psittacidés). Donc ils ont déjà une certaine égalité.

J’aimerais ensuite revenir sur la fragilité de la catégorisation par la taille. Selon le bon avis du peuple, un perroquet est un perroquet parce qu’il est grand et trapu avec un gros bec. Une perruche est petite,  fine avec un petit bec et une longue queue.
Mais alors, n’y a t-‘il pas comme d’ENORMES exceptions??? Prenons la plus grosse, le ara ! N’est il pas fin et élancé? N’a t-‘il pas une longue queue? Pourtant nul ne le considère comme une perruche?
Autre exception : l’inséparable. De plus en plus souvent on le considère comme un perroquet, pourtant n’est-il pas tout petit? Avec un tout petit bec?
Prenons la perruche grand-Alexandre, avec ses 50 cm et son bec proportionnellement le plus gros du monde aviaire, il est de bonne taille, il a un gros bec, mais c’est une perruche…pourquoi? Quelle différence avec un ara hahn’s, pourtant plus petit?
Enfin pour clore, car on pourrait encore citer nombre d’exemples, j’aimerais mentionner les conures. Prenons une petite conure à joues vertes, et sa grande cousine la conure de Patagonie…

Alors, perruche ou perroquet???

Revenons sur la question de l’intelligence. Si l’on prend une perruche ondulée et un ara hyacinthe (pour prendre des extrêmes), il semble évident que le ara a un plus gros cerveau que la perruche. Et pourtant! Sachez que proportionnellement parlant, le cerveau de la perruche ondulée aurais tendance à être plus gros que celui d’un ara, bien que le rapport de proportion est souvent globalement égal entre les espèces (autre signe d’unité de l’ordre des psittaciforme).

Quand à la parole, il me semble bon de rappeler que tout les psittacidés possèdent un syrinx, organe responsable de l’émission du son et de la voix. Bien sur, certaines espèces ont plus de facultés que d’autres à parler, mais cela ne vient pas exclusivement d’un problème de taille ou de dénomination. C’est aussi fortement lié au phénomène de domestication; par exemple, le premier bec crochu (zygodactyle mais maintenant ce sera sous entendu) à avoir été domestiqué en France, fut la perruche Grand-Alexandre ramené par Alexandre le Grand lors de ses conquêtes aux Indes, ainsi que sa cousine la perruche à collier. Et vous savez quoi? Ces oiseaux peuvent parler, et même très bien! Pourquoi? Parce que cela fait longtemps qu’on le leur enseigne, et que la faculté de vocaliser avec les humains entre peu à peu dans le mode d’existence des oiseaux en captivité. Il en va de même pour les gris du Gabon, dont les grands Oba et Oni  (rois et chefs religieux) des royaumes africains aimaient leur formidable don de parole.
Plus l’espèce vit depuis longtemps avec l’homme, plus elle apprends comment communiquer avec l’homme et c’ est normal, cela s’appelle l’imprégnation.
Et vous savez encore quoi? Les perruches ondulées sont aussi des oiseaux qui vivent depuis longtemps aux cotés de l’homme, et elles sont parfaitement capable de parler, et même très bien! Seulement, vu qu’on ne leur accorde qu’un statut de « perruche » (je rappelle petit, bête et fait pour faire joli), ces pauvres oiseaux ont rarement droit à des conditions de vie visant à développer leur intelligence, comme « on » le ferait pour un « perroquet ». Et par conséquent, on leur reproche d’être trop sociable pour être un bon animal de compagnie intelligent, mais je vous le demande, si vous vous trouviez en cellule 24h/24 avec un miroir et un autre oiseau, vous pensez franchement que vous préféreriez causer au miroir???

Tout cela pour dire que les dénominations « perruche » et « perroquet » ne correspondent concrètement à rien d’autre qu’une volonté scientifique de classement des espèces. MAIS CELA N’AFFECTE EN RIEN LES CAPACITÉS DE CHAQUE ESPÈCE!!!

 

Vous me direz : « c’est faux, un gris ou un ara est bien plus intelligent qu’une perruche, ils peuvent parler et apprendre des tours, pas les perruches… » Et je vous répondrais :
– Primo, les perruches peuvent apprendre des tours et parler, il suffit de leur apprendre et de vouloir leur apprendre.
– Secundo, ce type d’argument nous amène très vite à un débat fort épineux qui est celui de la détermination de ce qu’est l’intelligence. Il y a eu suffisamment de grands penseurs, chercheurs et médecins qui se sont penchés sur la question pour lancer à nouveau ce débat, et surtout pas dans cet article dont ce n’est pas le but.

Donc ce que je voudrais arriver à faire comprendre, c’est que tous les psittacidés ont des capacités d’intelligence, qu’ils soient perruches, perroquets ou autre, ils méritent tous d’être élevé au statut de perroquet, qu’ils soient petits ou grands, colorés ou non, qu’ils parlent ou non… Et ils méritent tous d’être traité en tant que tel!

S’il vous plait, ne dénigrez pas les petites espèces sous prétexte qu’elles s’appellent « perruches ». L’habit ne fait pas le moine, et croyez moi, les petits en ont autant dedans que les grands!